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Champ de tournesols de la Finca La Canaleja, INIA d’Alcalá de Henares (2013)

Deuxième promo de livre espagnol, en exclusivité pour vous!

Ma lecture de « Cien años de soledad » tout juste achevée, il m’a immédiatement fallu coucher sur le papier mon ressenti au sortir de cette œuvre magistrale de la littérature hispanophone. Reconnaissons-le tout de suite, rien d’étonnant à ce que l’auteur ait obtenu le prix Nobel pour ce livre. Il y décrit une famille sur six générations, et ce avec une justesse inconcevable, la décortiquant dans toutes ses facettes infinies : ses incompréhensions, malentendus, liens, secrets, tabous, et même son absence. Les personnages sont tous si humains que cela relève du génie pur. N’importe quelle personne aurait matière à se reconnaître dans l’un de ces êtres, qui ont tous cet équilibre délicat entre défauts et qualités, comme les êtres déambulant dans le monde réel, et non celui des esprits animés par la plume.

 Son seul défaut est inhérent à sa construction même, et repose dans la kyrielle démesurée de personnages arpentant ses pages, dotés de noms souvent identiques, ou tout du moins proches phonétiquement. En témoigne cet arbre généalogique de la famille Buendía, foisonnant tout autant que replié sur lui-même. Il m’aurait été bien utile à plusieurs reprises, quand je confondais les dix-sept Aurelianos avec l’Aureliano originel, l’Aureliano Segundo ou l’Aureliano José.

Source: http://mislecturasdelclub.blogspot.fr/2012/02/cien-anos-de-soledad-gabriel-garcia.html

 

L’épisode m’ayant le plus marquée dans cette immense épopée est certainement celui du syndicat de l’entreprise bananière. Après des grèves et manifestations innombrables en vue de l’évolution de leurs conditions de travail tout à fait indécentes, les ouvriers de cette plantation voient débarquer un beau matin l’armée, qui les somme de se réunir sur la place de la ville. Le peuple, espérant l’annonce d’une décision du gouvernement quant à ce mouvement syndical, accourt et prépare stands, fanfare et autres festivités afin de célébrer l’obtention des réformes. La foule médusée s’entend alors décrétée par un général coupable de la peine capitale, dont l’exécution sera réalisée sur le champ. Les mitraillettes encerclant la place effectuent leur sale travail et massacrent trois mille personnes, femmes, enfants, ouvriers, passants. L’armée les entasse ensuite dans deux cent wagons et jette leurs corps à la mer. Dans ces pages d’une beauté lapidaire, on décèle aisément le grondement sourd de celui qui veut transmettre son indignation face à ce genre de traitements, hélas peu fictifs en Amérique du Sud. Cette impression d’injustice et d’écœurement me restera longtemps gravée au corps et à l’âme, je le pressens.

 Un très beau roman.