L’excursion en chiffres
Nombre de participants : 4
Transport : train
Distance : 60 km (soit 40min en TER)
Auteur : Didier Ferry / Source : http://www.didierferry-galerie.com
Préambule
Metz : la première rivale de Nancy ! Longtemps désignée comme berceau militaire de l’Europe, Metz est aujourd’hui une ville dynamique à la croisée des grands axes européens de circulation… et commune la plus peuplée de Lorraine. Parcs et petites îles bordées par les rivières Seille et Moselle s’entrelacent autour du cœur historique et médiéval avec la superbe cathédrale Saint-Étienne. Riche d’espaces verts et de cours d’eau, Metz est d’ailleurs appelée communément « ville jardin ». Au sud, on entre dans la deuxième partie de l’agglomération, plus moderne, édifiée lorsque Metz appartenait à l’époque à l’Allemagne impériale, rayonnant autour de l’une des plus belles gares d’Europe.
Une ville à taille humaine donc, qui étonnera plus d’un visiteur venu s’aventurer entre ses murs !
Récit d’excursion
Une lueur ambrée attire son œil, pulsant régulièrement dans une enceinte de pierre. D’un battement d’ailes, il rejoint le sol et cherche du museau une entrée vers ce trésor dissimulé à son étreinte.
Un vrombissement qui vire au cauchemar auditif l’interrompt bientôt, et le fait fuir vers le refuge aérien, où un calme tout relatif règne encore. Des cieux, il observe le ballet étrange d’un ver dont la carcasse semble ininflammable, telle la salamandre légendaire.
Intriguée, la bête étudie les minuscules fourmis qui s’en extraient, s’éloignant bientôt de son corps immobilisé, peut-être après l’avoir détruit de l’intérieur? Elles pénètrent dans l’antre doré, mais réapparaissent aussitôt par un trou à souris. Le secret leur a été révélé, à eux, misérables ! Le dragon en cracherait volontiers des flammes de frustration. Les interroger, les défaire de leur savoir !
Quatre formes l’interpellent bientôt : comme lui, elles semblent admirer le bâtiment gris d’où provient la mystérieuse lueur. Elles font de grands gestes indécis, se bousculent, bondissent deci-delà, puis parviennent semble-t-il à un consensus, suite auquel elles s’écartent de la forme grisâtre pour s’engager dans une rue adjacente.
Après un parcours sans embûche au travers de ruelles commerçantes, parsemé d’arrêts fréquents où elles brandissent de petites armes noires dont le pouvoir de nuisance lui est inconnu, elles s’engouffrent dans un curieux bâtiment aux pointes acérées et à la teinte beige.
Déterminé à les suivre, le dragon effectue une attaque en piqué, visant l’entrée où il se propulse violemment.
Une fois ses esprits regagnés, étourdi par le choc, il croit d’abord à une hallucination.
Tout autour de lui, des pierres précieuses ! Colorées, diverses, elles revêtent des motifs dont la signification lui échappe. Des fourmis se dispersent sur ses flancs, en émettant des sons stridents qui le peinent profondément, mais s’atténuent bientôt avec leur disparition.
Tout à son émerveillement, il tarde à remarquer les quatre individus qu’il suivait précédemment, et qui décampent péniblement, alourdis par d’énormes sacs remplis d’objets luisants. Des voleurs de trésors ! Les mécréants ! Empli de fureur, il émet un large grondement, accompagné de flammes que l’enfer ne renierait pas.
Les fourmis chevauchent cette vague virulente, emportées vers les cieux, où des bourrasques les malmènent et les font virevolter. Elles semblent affectées par la combustion, ce qui inquiète le dragon, qui se rappelle un peu tard son objectif premier. Calcinées, elles ne lui seront d’aucune utilité.
Il s’élance donc à leur suite, et d’un délicat geste de la patte, les jette à l’eau. Un brin roussies, elles émergent en crachotant de l’étendue aquatique.
Le dragon atterrit gracieusement sur un pont, support précaire pour sa volumineuse forme (il doit reconnaître avoir pris un peu d’embonpoint, ces derniers temps. Manque d’exercice, principalement). Les petites fourmis dérivent, ou tentent-elles de s’échapper? Il hausse un sourcil dubitatif, avant de ricaner, des flammèches s’échappant de sa gorge pour rejoindre l’air froid de la ville.
A l’horizon, le coucher de soleil le déconcentre. Il se reflète harmonieusement sur les eaux calmes, ajoutant à son ébahissement devant ce phénomène, commun s’il en est, mais conservant sa beauté originelle malgré les répétitions quotidiennes.
Lorsqu’il parvient enfin à s’extraire de sa contemplation, les voleurs ont disparu, et seule subsiste une plaque dorée au sol, se détachant sur les pierres moussues. Le dragon en miniature le nargue, et semble lui rappeler que sa taille et ses dons ne peuvent rien face à la fourberie et la dissimulation.
Il repart, déconfit, vers les cieux, où d’autres aventures l’attendent patiemment.
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