Bonjour!
Pour ma première contribution, je vous propose une petite présentation. Abassi, Mahorais et botaniste (confirmé en devenir), et plus largement épris de nature. Plus récemment passionné par la photographie (pour mieux faire vivre mes émerveillements face à la nature), j’espère vous faire découvrir et partager ma passion pour la nature à travers différents articles.
Pour ce premier article, j’ai choisi le thème de la faune, non pas que j’aie abandonné ma passion pour les plantes, tout simplement pour vous faire vivre une autre passion qu’est la faune et particulièrement les insectes.
Malgré sa taille si réduite, l’île de Mayotte brille par sa biodiversité tant faunistique que floristique, se trouvant à mi-chemin entre le continent Africain et l’île de Madagascar, dans le canal de Mozambique. Cette position lui confère le statut de de point chaud pour la biodiversité de l’océan indien. Cette article ne traitera point de la faune marine, et ne vise en aucun cas à l’exhaustivité.
Les mammifères
A l’annonce du mot « mammifère », deux espèces d’animaux apparaissent comme incontournables : la roussette et le fameux maki, de son nom local.
La roussette
La roussette est un mammifère de l’ordre des chiroptères. Il s’agit d’une grande chauve-souris frugivore du genre Pteropus. Ce genre renferme plusieurs dizaines d’espèces réparties entre l’océan Indien et l’Asie du sud-est. Il est bien représenté à Mayotte et dans ses alentours. A Mayotte, on rencontre la sous-espèce de l’espèce seychelloise : Pteropus seychellensis comorensis.
La roussette est l’une des plus grandes du genre et se rencontre très régulièrement sur île, seule en vol, ou en colonie sur de grands arbres (bois noir Albizia lebbeck, fromager Ceiba pentandra). A proximité immédiate de l’île, on trouve l’espèce « anjouano-mohélienne » Pteropus obliviosus, endémique de l’île d’Anjouan de Mohéli, et l’espèce malgache : Pteropus rufus.
Voici quelques photos (ayant perdu la trace des autres):
Le maki
Le lémure brun de Mayotte, appelé plus couramment maki, du nom scientifique Eulemur fulvus mayottensis, est un primate. Le maki est le plus gros mammifère sauvage de l’île. Il est très emblématique, présent sur les cartes postales pour rappeler si besoin son caractère patrimonial. Le maki, « comba » en mahorais, est une espèce frugivore, mais qui se nourrit de feuilles durant les périodes les plus rudes où les fruits se font rares.
Le maki de Mayotte est une sous-espèce d’une des espèces malgaches de lémuriens, le lémure brun Eulemur fulvus. Si Madagascar est connu pour son nombre « pharaonique » d’espèces de lémuriens, Mayotte par sa proximité avec la grande a pu bénéficier d’une espèce, dois-je dire une sous-espèce comme il en est en réalité. Toujours est-il qu’avant d’arriver à « sous-espèce », on passe par « espèce ». L’ancienneté de l’île de Mayotte peut certainement apporter un élément de réponse à la présence de cet animal sur notre territoire. En effet, « l’hippocampe » est la plus vieille des quatre îles composant l’archipel des Comores!
Et pour conclure sur ce primate cher à Mayotte, quelques photos du lémure brun :
Le hérisson de Mayotte
Le Tenrec ou landra en langue mahoraise (Tenrec ecaudatus) est en fait une espèce introduite de Madagascar. Il s’agit d’un mammifère omnivore. C’est un être opportuniste en raison de son régime alimentaire très diversifié : racines, fruits, graines, insectes, invertébrés, reptiles, … Le hérisson se rencontre dans la forêt mésophile à humide mais peut également s’aventurer à proximité des habitations. Pendant la saison sèche, il hiberne et sort au début de la saison des pluies pour se reproduire. L’accouplement a lieu plutôt en octobre-novembre et les petits naissent en décembre-janvier, avec une dizaine de petits par portée. Une fois la période de reproduction arrivée à son terme, commence alors la saison de chasse. Elle s’étale à Mayotte de février jusqu’au au début de la saison sèche. Le hérisson est traditionnellement consommé par certains amateurs qui affectionnent particulièrement la chair de cet animal.
La rasse de Mayotte
La rasse Viverricula indica est également un mammifère présent à Mayotte. Elle est originaire d’Asie (Inde) et a été introduite à Mayotte. Elle est sans doute le mammifère terrestre le plus discret, certainement du fait de sa vie nocturne. En tant qu’animal nocturne, les rencontres sont donc très rares. Les occasions malheureuses ont lieu lorsqu’une rasse a été écrasée dans la nuit par une voiture.
Voilà pour ce premier article! Merci pour l’intérêt que vous portez à ma chère île Mayotte, et n’hésitez surtout pas si vous avez des questions!
A suivre: les autres groupes constituant la faune de l’île.
Abassi
Bienvenue!!!!! Et super article! 😀
J’aime bien le Tenrec, dis donc. Quelques questions à son sujet:
-tu dis qu’il a été introduit depuis Madagascar, quel est son statut là-bas et à Mayotte?
-en as-tu déjà mangé, auquel cas est-ce bon?
-y a-t-il des élevages de Tenrecs? J’ai du mal à imaginer un élevage de hérissons, mais si sa chair est appréciée, c’est fort possible que ça existe.
Merci!
Salut Flora et merci pour l’accueil,
Je vais essayer de répondre et dans l’ordre si possible!
Le tenrec, landra ou hérisson malgache est un petit mammifère originaire de la grande île de l’océan Indien. Malgré son introduction ça et là dans les îles avoisinantes, on peut affirmer qu’il s’agit d’une espèce endémique de l’île aux baobabs. Partout où il est présent, de façon naturelle ou pas, il est consommé.
A Mayotte, certains pourront affirmer que c’est de loin leur « viande » préférée. Pour réguler les prélèvements, la capture est réglementée par arrête préfectoral. La chasse n’est autorisée qu’ à partir du 20 février au 30 avril.
Pour ce qui me concerne, une fois un gars de mon village m’avait fait goûter (un morceau). Il m’avait tellement plu que la motivation m’était naturellement venue pour aller en chercher. Bien évidement à cette époque étant trop jeune tout comme mes potes, du coup on a pas su le préparer. Cela m’avait alors dégoûter. Par mes fréquentations, j’ai eu l’occasion d’en manger quelques fois de plus sans trop devenir fan.
Par contre à Mayotte il n’existe aucun élevage, il faut dire qu’il y a les amateurs et les autres. Il ne se consomme que pendant la période autorisée pour la capture.
J’espère avoir répondu à tes interrogations, sinon n’hésite pas, y compris pour de nouvelles questions.
Merci pour toutes ces réponses! D’accord, et les règlementations sont plutôt bien respectées?
C’est comme les huitres, alors? Soit tu aimes, soit tu détestes?
Merci encore!
Je dirai plutôt comme les escargots et non les huîtres! Pour le respect de la réglementation, je ne suis pas certain qu’elle soit respectée à la lettre. Je pense même que certains ne sont même pas au courant de l’existence de l’arrêté préfectoral lui concernant.
Bienvenue ! Superbes photos, ça fait très plaisir de retrouver des articles exotiques sur Blog-Trotteurs
Juste deux questions par rapport au maki et ses yeux oranges : est-ce qu’il s’agit d’une espèce protégée ? Et s’il s’agit d’une sous-espèce d’une des espèces malgaches de lémuriens, j’imagine qu’il a été introduit par l’homme ?
Bel article en tout cas, continue à explorer l’île, on attend la suite !
Merci doublement : pour l’accueil et pour les photos.
Pour répondre à tes questions :
Oui le maki est une espèce protégée à Mayotte tout comme l’ensemble des chiroptères, y compris la roussette. Bon il est vrai qu’à aucun moment je n’ai évoqué les autres espèces de chiroptères. Je ne les connais pas si bien et surtout il aurait été difficile de les illustrer. Volontiers je me serai proposer pour poser un filet pour procéder à la capture pour les voir de plus près et éventuellement faire des photos mais bon (espèces protégées : contraintes administratives dérogation de capture sans la garantie d’avoir une réponse favorable, étant pas un spécialiste). Si un jour un spécialiste vient étudier les chiroptères à Mayotte, prêt à l’accompagner!.
L’origine de la présence du Maki à Mayotte fait un peu débat, seulement il faudra expliquer comment un mammifère terrestre arrive à traverser un bras de mer large de plusieurs centaines de kilomètres (radeau) et arrive à constituer une population viable. Il faudra surtout mettre en évidence l’intervalle de temps nécessaire à « l’évolution d’une espèce animale en l’occurrence le maki car l’occupation humaine de l’île remonte au VIIIe siècle. Toujours est il qu’il y a deux sous espèces de lémur brun Eulemur fulvus fulvus et E. fulvus mayottensis. Il faut souligné aussi les populations de makis à Mayotte sont complètement sauvages mais comment à se rapprocher des lieux habités du fait de la destruction de leur milieu naturel de plus en plus importante (forêt).
Pour finir une petite expression mahoraise en référence à « ses yeux oranges » : Ou fagna ya matso macoundrou ouri comba, qui peut être traduit : tu vais les yeux rouges comme un maki.