Et voilà, nous y sommes : dans l’avion pour un nouveau départ. Enfin ! Une escale au Caire plus tard – à guetter en vain les pyramides dans la nuit noire – et nous posons enfin le pied sur le sol éthiopien. Addis Abeba ! Je sens à ma première bouffée d’air les effets de l’altitude, mais rien de trop marqué. Il est 4h du matin. L’aventure commence.
Source : http://www.lexilogos.com/ethiopie_carte.htm
Addis Abeba (ou « nouvelle fleur » en amharique) est la capitale de l’Ethiopie, riche de plus quatre millions d’habitants. Entourée de collines, elle fait partie des capitales les plus élevées au monde : 2400m, rien que ça !
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, il s’agit d’une ville récente née à la fin du XIXe siècle. Addis s’est créée sous l’initiative de l’épouse de l’empereur Ménélik II, l’impératrice Taitu, préférant quitter les collines d’Entoto balayées par le vent pour le plateau et ses sources d’eau thermale.
C’est donc en 1892 qu’Addis Abeba voit le jour, Ménélik II y construisant son palais. C’est l’empereur lui-même qui est d’ailleurs à l’origine des forêts d’eucalyptus qui ceinturent la ville. En effet, les ressources forestières diminuant, l’arbre issu d’Australie y fut implanté à l’époque : grandissant de 12m en 5 ans, les capacités de régénération de l’eucalyptus sont imbattables ! Un plan de reboisement massif fut ainsi adopté. Depuis, il s’agit de l’arbre n°1 du pays.
Addis Abeba est aussi le siège de l’Union Africaine, engagée sur les questions de paix et de sécurité sur le continent, et où se réunissent tous les chefs d’État africain (hormis le Maroc).
Source : buzzkenya.com
Premiers pas dans les rues. De grandes avenues quadrillent la capitale, où passent en trombe taxis, voitures et gros 4X4, minibus plein à craquer, grands bus bleus dédiés au personnel de l’administration ou encore des bergers guidant leurs troupeaux de moutons. Sur les trottoirs, lorsqu’il y en a, la foule est importante. Très peu de farenjis, ainsi que les blancs sont appelés ici. La végétation sauvage se mêle aux bâtiments qui poussent partout le long des grands boulevards, entourés d’échafaudages en bois où sont montés à la chaîne des sacs de ciment. La route que nous avons prise est jonchée de petits commerces.
A dire vrai, il y a deux Addis : celle des étrangers aux bâtiments massifs et imposantes avenues plantées d’arbres où habitent le corps diplomatique du pays, les hauts dignitaires et les différents membres des organisations internationales.
Puis il y a l’autre Addis, celle des Ethiopiens, faites de quartiers populaires. Des petits chemins partent sur les côtés, menant à des habitations traditionnelles aux toits faits de tôle et aux murs en torchis.
L’Alliance française d’Addis, où des cours de français sont dispensés
La circulation est riche et l’air respiré s’en ressent. Lorsque le ciel est beau et la chaleur importante, les poumons doivent s’encrasser vite. Côté température, elle ne dépasse pas les 25°C l’année et les nuits y sont fraîches.
Pour l’instant, le temps est à la fin de la saison des pluies : les averses sont plus longues qu’en Guyane mais tout aussi terribles. Certaines se transforment même en pluie de grêlons. Tous aux abris ! Des torrents de boue descendent les collines et les routes sont jalonnées de mille ruisseaux.
Addis Abeba est sectionnée en quartiers ou kébélé en amharique. Pour se rendre à l’ambassade, il faut se rendre dans le quartier Faransay (comprendre : français). L’ambassade de France est probablement l’une des plus anciennes à Addis Abeba. Pour parcourir le chemin, nous montons dans un minibus. Ici, pas d’arrêt à probablement parler mais les minibus s’arrêtent pourtant sur des morceaux de trottoir spécifiques : il faut les connaître pour s’y retrouver ! Quant aux directions, elles sont criées en amharique, il faut donc guetter les cris du passeur. Faransay, Faransay ! Nous nous entassons à plus de quinze dans un minibus à huit sièges, toute une aventure ! Et c’est parti ! Le code de la route ici semble avoir été oublié ; quant aux piétons ou rares vélos, ils ne sont pas prioritaires. Une attention de tous les instants est donc de rigueur !
A la pause déjeuner, je prends mon premier repas éthiopien : café – bouna – servi au jebena, le récipient utilisé dans la cérémonie du café, et l’injera la célèbre galette qui sert d’assiette et de couverts, faite de teff, cette céréale éthiopienne aux grains minuscules. Pour une première fois, je goûte au shiro, un mélange de farine de pois chiches agrémenté d’épices. Un délice !
Il faut dire qu’en Ethiopie, l’injera se mange à tous les repas, comprendre petit-déjeuner, midi, soir et goûter. La galette est fermentée durant plusieurs jours avant d’être mangée.
Le lendemain, découverte de nouveaux quartiers de la capitale : Piazza, ancien quartier italien aux très anciennes maisons et quartier « central », où les bijouteries foisonnent. A Addis, la nouvelle politique de construction veut centraliser les bâtiments et la population, plutôt que laisser la capitale s’étendre de façon démesurée. Cette année, un tram est construit dans la capitale et doit quadriller la ville du nord au sud et de l’est à l’ouest : les travaux doivent s’achever en septembre. Nous croisons également des chantiers de constructions d’escalators et d’ascenseurs menant à des passages piétons souterrains, une vision assez décalée !
Détour vers la fabrique de café très célèbre d’Addis – Tomoca Coffee Shop – où le café se prend debout, attablé à des tables de bar dans une ambiance très conviviale. La boisson est sacrément corsée, du jamais vu ! Je mets la dose de sucre pour le faire passer.
Passage obligé par le musée National d’Addis, renfermant les trésors archéologiques du pays (dont la réplique de l’archi-connu fossile de Lucy, Hominidé bipède datant d’environ 3,2 millions d’années), des objets historiques datant des anciens empires et une galerie d’art éthiopien.
Nous pour monter à l’assaut de la montagne Entoto de 3200m, au nord de la ville. Un panorama impressionnant sur la capitale ! Au pied du mont, le marché de Shoromeda où sont vendues vêtements, étoffes et écharpes de mille couleurs. Des minibus amènent les habitants jusqu’en haut mais nous décidons d’y aller à pied – une montée plutôt difficile pour moi (700m de dénivelé tout de même), l’altitude jouant pour beaucoup ! Ici, les femmes viennent chercher le bois : les eucalyptus sont omniprésents. Ce sont donc des charges longues de cinq mètres qu’elles portent sur le dos, courbées sous le poids de leur fardeau. Leur courage est très impressionnant. Nous croisons aussi de nombreux ânes portant bois ou sacs de ciment, les femmes courant derrière eux pour les obliger à longer la route, au risque de se retrouver nez à nez avec les voitures qui passent.
En haut, nous avons vue sur les monts qui entourent Addis, la capitale plongée dans une brume, probablement un mélange d’humidité et de chape de pollution. Nous profitons d’être dans le village au sommet de Entoto pour visiter le musée bâti au sommet – un recueil historique d’objets royaux et religieux au cours des siècles.
Ainsi s’achève notre séjour à Addis Abeba. Nous reviendrons dans deux semaines – entretemps, cap vers le Nord !
Oui des photos !
Et bin ça a l’air bien chouette tout ça !
Ouah tu bois du café aussi maintenant ^^ on va plus te reconnaitre quand tu vas rentrer ^^
Bisouuuus
Ah le café en Éthiopie, c’est sacré ! On n’échappe pas aux cérémonies – surtout lorsqu’on est l’invité – et aux trois tasses de rigueur. Heureusement, les Éthiopiens le boivent très sucré, exactement comme je l’aime !
Passionnant Ravie de suivre tes aventures, Bourrique. Gros bisous!