Oublier Palerme, Edmonde Charles-Roux
Oublier Palerme… Un titre évocateur qui était voué à m’attirer en raison de mes origines siciliennes. […]
Oublier Palerme… Un titre évocateur qui était voué à m’attirer en raison de mes origines siciliennes. […]
Bahir Dar… La capitale de la région Amhara. Située à 1h30 de route de Debre Tabor, il m’est facile d’y séjourner un week-end sur deux. Ville florissante et moderne, elle est bâtie au pied du lac Tana, le plus grand d’Ethiopie. D’une certaine façon, je retrouve un peu mes repères européens dans Bahir Dar : les bâtiments, les parcs et jardins, le soin accordé aux lieux publics, et une proportion non négligeable d’étrangers venus habiter ici ou de passage. Mais toute mon attention se porte sur l’environnement de cette ville coup de cœur. En effet, l’eau du lac Tana permet aux rues et artères de se métamorphoser en forêts de palmiers et aux parcs de fleurir. Une promenade autour du lac relie les grands hôtels riches de la ville, aux terrasses somptueuses et aux belles allures. L’occasion de se poser au bord de l’eau, face à la faune et flore du lac, et oublier tout le reste. Ce week-end, j’avais décidé de partir à la découverte des îles du lac Tana. Ou plutôt une en particulier, l’île Debre Maryam et son monastère orthodoxe. Accessible à pied, il faut traverser un morceau de campagne, à l’est de la ville, et atteindre les berges sauvages du lac pour arriver face à elle. Je m’y suis rendue avec Solomon, un ami éthiopien, qui connait Bahir Dar comme sa poche. C’est donc à pied que nous avons tous deux quitté en milieu de matinée la route principale pour suivre un chemin de terre battue entre les arbres. Quelques maisons de bois et de tôles ; le centre riche de Bahir Dar est décidément bien loin ! Sur le sentier, des parcelles verdoyantes : on y cultive bananes, avocats, mangues et papayes à [...]
... Sevilla se réveille.
Ah, Sevilla ! Fille de trois religions, qui l’une après l’autre ont tenté de gommer les traces de leur prédécesseur sur tes terres, tu ne peux cacher entièrement les influences arabes qui parcourent tes veines, sous cet épais fard catholique. Elles sont tangibles, palpables, en des détails ou des évidences, depuis les airs ou parmi tes ruelles. Malgré les efforts des Rois Catholiques, nous admirons encore aujourd’hui ton passé. Le fleuron de cet héritage musulman est l’Alcázar, dont la sublime visite m’a conquise. L’Alcázar de Sevilla est un monumental ensemble palatial ceint de murailles et de jardins. Les styles mudéjar et Renaissance y sont majoritaires, l’originalité de cet édifice résidant dans son exceptionnelle diversité, puisque toutes les époques paraissent y avoir déposé leur témoignage respectif. Entrée de l’Alcázar Aux origines de l’Alcázar, il faut évoquer sa construction sous la dynastie des Omeyyades d’Espagne, à partir de 844, plus précisément sous le règne d’Abd-al-Rahman II (822-852). Cet émir, grand mécène, est réputé pour avoir été un chef d’État extrêmement cultivé, qui a su garantir l’établissement de la paix sur son émirat. Sa cour accueillait alors les plus grands savants et poètes de l’Orient, et il soutenait les échanges d’ouvrages scientifiques et de livres d’art entre les régions. Sa fin fut moins paisible que son règne, puisque ses quarante-cinq fils s’affrontèrent dans des intrigues d’une complexité démesurée en vue de sa succession. Après moult rebondissements rocambolesques, dont une tentative d’empoisonnement, il fut décrété que son fils aîné Mohammed lui succèderait. Pour l’Alcázar, quelques siècles de calme s'ensuivirent, durant lesquels les différents émirs se contentèrent d'apporter leur patte à l’édifice, dans une simple perspective d’embellissement. Le premier chamboulement eut lieu sitôt la Reconquista achevée, sous le règne du roi [...]
Ce mois de janvier a été particulièrement riche en émotions, à travers deux cérémonies religieuses majeures : Gena, le Noël éthiopien, et Timqat, l’Epiphanie orthodoxe qui célèbre le baptême de Jésus-Christ dans le Jourdain par saint Jean-Baptiste (timqat ou timqet signifie baptème en amharique). Focus sur Timqat L’Epiphanie éthiopienne, qui s’étend sur deux jours (10 et 11 janvier, calendrier éthiopien, soit le 20 et 21 pour nous), réunit tout le monde dans la rue, contrairement à Mesqel qui se fête en en famille. La veille du jour saint, chacune des dix églises ou presque de Debre Tabor, organise sa propre cérémonie : élèves, fidèles, groupes de musique s’élancent dans les rues, les prêtres portant à bout de bras le tabot – réplique de l’Arche d’Alliance. En effet : selon les croyances, l’Arche est conservée et gardée jalousement en Ethiopie. Les dix arches des dix églises convergent alors vers Agebare, la grande plaine de la ville où elles passeront la nuit (la tradition voulant qu’il s’agisse d’un endroit près d’une étendue d’eau – ce qui n’est pas le cas à Debre Tabor), avant d’être ramenées le lendemain dans l’après-midi au cours d’une deuxième procession tout aussi colorée que la première. Mais le vrai Timqet se fête à Gondar, sur le site historique des Bains du roi Fasilidas. Le bassin y est rempli pour l’occasion : le jour de l’Epiphanie, des milliers de fidèles se rassemblent là, bien avant l’aurore. Les prêtres aspergent et bénissent la foule ; puis, les participants se jettent à l’eau, plongeant tous dans le bassin, concluant la cérémonie. Postés au cœur de la ville, nous attendons le passage des tabot. Au loin, les tambours résonnent : venant du Sud, deux arches suivies par une foule bouillonnante descendent l’artère [...]
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