Du 2 au 6 août, Alcala célébrait la fête des enfants saints, patrons de la ville. Ces enfants nommés Justo et Pastor étaient deux frères ayant vécu sous le règne de l’empereur romain Dioclétien, décapités pour avoir affirmé leur foi chrétienne, vers 305 après Jésus-Christ. L’anniversaire présumé de leur mort est l’occasion pour les habitants d’Alcala de rendre hommage à leur martyr lors de plusieurs jours de festivités.
Au programme, un marché hispano-romain composé d’une multitude de petits stands dans les rues adjacentes à la cathédrale magistrale. Les commerçants étaient tous déguisés en romains, et des animations temporaires s’ajoutaient à ces postes fixes.
Il y avait notamment :
- un groupe de musiciens ambulants
- du théâtre de rue, avec par exemple des acteurs reproduisant des scènes entières de Don Quijote
- des expositions d’art dans de petites galeries confidentielles
- un homme muni d’échasses bondissantes et de cornes de bouc, dansant avec les petites filles et pratiquant la pole dance sur les réverbères («c’est normal en Espagne ! »)
- des ânes sur lesquels chevauchaient des gamins
- un manège fonctionnant à l’énergie humaine (preuve que la crise frappe durement ce pays ou métier le plus absurde au monde ?)
En marge de ce marché, le défilé des Gigantes et Cabezudos (géants et grandes têtes) enchantait les enfants de tout âge.
Il s’agit de structures en bois de plusieurs mètres de haut représentant des personnages emblématiques de l’Espagne, que ce soit des archétypes populaires ou des figures historiques. Des volontaires les portent sur leurs épaules à travers la ville, au son et au rythme de la fanfare. Les géants de cette année étaient la reine, le curé, la princesse et le maire.
Les Cabezudos ont une visée plus comique que les Gigantes, du fait de la disproportion entre la taille de la tête et le corps la soutenant.
La foule suivant le défilé était essentiellement constituée d’enfants accompagnés par leurs parents, totalement fascinés par ces créatures étranges. L’ambiance était très joyeuse, un immense brouhaha surplombant la musique au son duquel les gens se balançaient.
Samedi soir, un concert en plein air était organisé sur la Plaza de los Santos Niños, aux abords de la cathédrale magistrale.
Le groupe était composé d’une chanteuse assez jeune et de ses musiciens, et les chansons étaient espagnoles ou d’Amérique du Sud, presque toutes connues des participants.
Le dynamisme du chant s’est rapidement répercuté sur la foule, qui dansait de façon très enthousiaste bien qu’un peu confuse, du fait de la présence de nombreux enfants. J’ai été agréablement surprise de voir le concert se prolonger jusqu’à une heure du matin, et ce fut une soirée très sympathique.
La nuit en Espagne est d’une fraîcheur divine, et la musique était de celles sur lesquelles on ne peut s’empêcher de se mouvoir.
Hier soir, le point d’orgue de ces festivités était la procession des enfants saints. A la suite d’une grande messe, toutes les autorités religieuses de la ville sont sorties de la cathédrale, suivies par les reliques des deux enfants martyrs, au son une fois encore de la fanfare accompagnée par les cloches.
Les cigognes postées au sommet de celles-ci ont moyennement apprécié le vacarme et se sont enfuies en un ballet précipité.
La foule était extrêmement dense, tout Alcala semblait être sorti, par curiosité ou par foi.
Les rares personnes restées chez elles contemplaient la procession depuis leur balcon.
Le cortège s’étant ébranlé en début de soirée, la procession s’est achevée au crépuscule, lui ajoutant une certaine grâce.
Des dizaines de personnes se signaient ou priaient sur le passage des reliques.
Ce qui m’a profondément impressionnée est l’émotion visible de nombreuses personnes en fauteuil roulant, dont le visage s’ornait de larmes lorsque la procession arrivait à leur hauteur. Ce sont des démonstrations de foi extrêmes dont je n’avais encore jamais été témoin d’aussi près.
En définitive, ce furent cinq jours très riches en découvertes sur les traditions d’Alcala, aussi bien qu’agréables !
Ah j’aurais bien voulu assister à ces 5 jours de fête, juste pour l’ambiance ! La ville a dû être submergée par les touristes… et j’imagine le vacarme dans les rues 😉 ça change du quotidien !
A propos de la procession finale et des reliques des enfants saints, je me demandai : Alcalá doit être un lieu de pèlerinage, non?
En tout cas, Galway et Alcalá de Henares n’ont pas la même classe quant il s’agit de festivités estivales, il faut bien l’avouer !
En effet, pas mal de touristes ce week-end! J’ai croisé de nombreux Français venus passer quelques jours à Alcala. En ce qui concerne le vacarme, les Espagnols sont assez bruyants par nature, à vrai dire 😀
Hum, ce sont les patrons de cette ville uniquement, ils n’ont donc pas vraiment vocation à être honorés par d’autres personnes que ses habitants. La dimension régionale que cette fête avait était plus liée aux activités proposées en marge de la procession. La cathédrale fait partie du chemin de Santiago de Compostela, en revanche, car elle est magistrale.
Ouh, méfie-toi, ceci n’était qu’un amuse-gueule avant les véritables fêtes de la ville, fin août! On me les a décrites avec tant de verve que je m’attends à ce que l’alcool coule à flots
Un amuse-gueule, 5 jours de fête ? Et bien, ça promet ! La fin du mois d’Août va être explosive !
Oui, moi aussi j’aurais bien aime voir ca. L’ambiance, hormis au moment de la procession des enfants saints (plus solenelle), a l’air vraiment interessante, tres conviviale.
Mais dis moi, est ce que les espagnols sont du genre a danser dans les rues au rythme d’un groupe se representant en plein air ? Pas pendant un concert officiel comme sur la photo, mais sur la musique des artistes de rue. Je crois que ca me plairait bien !
Ps : Desolee pour les accents, clavier anglais.
Oui, ils sont tout à fait comme ça! J’aime beaucoup, car vu que c’est normalisé, ça t’enlève toute crainte de faire la même chose.