Salut à tous ! Au cours de cet article, je vous emmène dans la forêt amazonienne… J’annonce cependant : c’est un vrai roman ! Enfin, vous me connaissez, je ne fais jamais dans la demi-mesure J’espère que vous êtes bien installés – bonne lecture !
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Samedi dernier, après une semaine très éprouvante (comprendre : deux jours de boulot pour trois jours de Carnaval), je me lève, décidée à profiter de mon premier week-end en Guyane.
Programme du jour : faire le marché de fruits et légumes de Cayenne – qui a lieu chaque mercredi, vendredi et samedi matin – puis petite sieste digestive en début d’après-midi et pourquoi pas, plage en guise de point final à cette journée. Je suis bien loin d’imaginer ce qui va m’arriver réellement !
C’est donc vers 10h que je m’apprête à quitter la maison en vélo. Le centre-ville et la place du marché est à 15min. La chaleur est déjà là… Un peu de crème solaire et c’est parti ! Au moment où j’enfourche mon bolide à pédales, une voiture se gare dans l’allée : c’est Morgane, ma coloc, et deux de ses amies Claire et Marion.
Apprenant que je vais au marché, elles me proposent de m’emmener en voiture car elles y vont aussi : nous voilà donc parties pour le marché de Cayenne !
Alors que nous déambulons entre les étals, la discussion se tourne vers une sortie carbet prévue ce week-end. En Guyane, un carbet est une sorte de cabane en bois, en général privée d’eau et électricité, parfois dressée sur pilotis, possédant un toit et assez grande qu’il soit possible d’y installer son hamac. Le département en compte probablement un bon millier : privés ou ouverts à tous, perdus en pleine forêt ou sur les berges des grands fleuves, c’est l’endroit idéal pour passer une soirée entre amis en pleine nature.
Puis, sans que je m’y attende, Claire me propose de venir. Ils sont déjà dix, une onzième personne ne changera pas grand-chose à l’organisation. J’accepte aussitôt : je ne vais pas laisser passer une occasion pareille !
Dix minutes plus tard, j’achète un hamac et une moustiquaire adaptée.
Une heure après, je fais mon sac en vitesse, prenant de quoi survivre dans la forêt.
Enfin, à 14h – soit 2h après que j’ai accepté la proposition – je suis dans une voiture, en train de rouler à pleine vitesse vers le sud-est de Cayenne à travers les arbres. Sans vraiment réaliser ce qui m’arrive.
Lorsque nous quittons la route principale pour une piste de terre rouge à travers les arbres, le chemin devient chaotique. Nous sommes trois voitures, avançant au pas l’une après l’autre, les carrosseries sifflant tandis que la piste va de creux en fossés et bosses, descendant en pente raide.
Après une bonne vingtaine de minutes de route apocalyptique, nous atteignons enfin le carbet. A la propriété d’un ami d’un ami d’un ami de Claire, il a été bâti sur les berges de la crique La Comté (en Guyane, une crique désigne une rivière). Pas de Hobbit pourtant : juste un groupe déjà présent sur les lieux et qui accepte que nous partagions le carbet pour la nuit avec eux.
Nous nous installons, profitant de la lumière de jour. En Guyane, le soleil tombe à 18h30, aussi il fait nuit noire dès 19h. Morgane vient à ma rescousse pour attacher mon hamac : un mauvais nœud et c’est la chute… Lorsque je déplie ensuite ma moustiquaire, je découvre que j’ai acheté sans le savoir une moustiquaire dernier cri avec un toit !
Alors que le soleil commence à tomber, une partie du groupe va pêcher sur La Comté, d’autres font une partie de carte. Préférant explorer les lieux, je pars à pied avec l’un des amis de Morgane remonter la piste. Nous tentons un petit sentier dans la forêt mais les lianes et les arbustes finissent par nous barrer le chemin. Ici, la machette est de rigueur !
Finalement, nous réussissons à trouver un passage et débouchons sur l’un des bras morts de La Comté.
Une partie de la forêt a été submergée pour une raison inconnue et seuls subsistent quelques troncs morts, dressés en plein milieu de l’eau. Superbe !
Nous revenons au carbet avant la tombée de la nuit. Les filles ont allumé des bougies : à table ! Ce soir, c’est salade de riz et viande cuite sur les braises grâce à Marciano, l’un des garçons du groupe. Monsieur est né en Guyane et en connait un rayon sur la forêt. Le Survivor de la bande ! D’ailleurs, ici, la moyenne d’âge tourne autour de 25-30 ans, je suis donc la plus jeune. Nous sommes en majorité des métros (désignation courante des petits blancs métropolitains par les locaux).
Après le repas, discussion autour d’un verre puis nous finissons la soirée par une série de jeux de carte.
La nuit en hamac ne sera pas de tout repos… Difficile de trouver la bonne position ! Vers 3h du matin, le froid s’installera et je sortirais un bon pull de mon sac. Autrement, la forêt restera assez calme et nous aurons la chance de ne pas être réveillés par des singes hurleurs au matin (une vraie plaie d’après ma coloc).
Le lendemain matin, nous quittons le carbet vers 11h, le temps d’immerger du sommeil et de réunir les affaires. Direction : Cacao !
Source : un-jour-en-guyane.over-blog.com
Cacao est un village H’mong, situé au sud-est de Cayenne, à environ 1h20 de route. C’est l’un des rares villages du département à être desservi par une route de bitume d’ailleurs…
Les Hmong forment une communauté asiatique qui compte aujourd’hui près de 2000 personnes. Les premier Hmong sont arrivés en 1977, originaires des régions montagneuses du Sud de la Chine : ce sont les Laotiens du nord. La guerre du Vietnam faisant rage, ils se réfugièrent en Thaïlande avant de chercher asile en Guyane.
A l’époque, leur installation répondait à deux objectifs précis : aider à repeupler la Guyane et développer l’agriculture, un projet lancé par le secrétaire d’État aux DOM-TOM. En effet, le département d’outre-mer souffrait d’un cruel manque de peuplement, avec des ressources inexistantes et une activité économique quasi-nulle. Les Hmong, s’installant au sein de la commune de Roura, se lancèrent dans l’activité maraîchère. Une réussite puisque le village hmong de Cacao est aujourd’hui le premier fournisseur de légumes du département ; il a d’ailleurs été baptisé familièrement grenier ou potager de la Guyane.
Le marché de fruits et légumes de Cacao rivalise presque avec celui de Cayenne et attire chaque dimanche matin les touristes venus flâner entre les étals de couleur.
Nous arrivons vers la fin du marché et les quelques échoppes vendant le traditionnelles soupes sont déjà prises d’assaut. Le marché est relativement petit – plus petit que celui de Cayenne en tout cas – et accueille surtout des touristes et des locaux. Nous achetons de quoi déjeuner puis l’emportons jusqu’à un carbet public que connaît Claire. Sur le chemin, la pluie tombe – c’est donc trempés et pataugeant dans la terre rouge du sentier devenue mare de boue ocre que nous atteignons enfin la lisière de la forêt et le carbet construit dans une clairière. Cette fois, les moustiques sont de la partie : j’avale en vitesse mon déjeuner et file dans la crique proche. Contrairement à La Comté et ses eaux brunes n’incitant pas à la baignade, cette crique-là est faite d’eau claire. Paradisiaque !
Nous profiterons de l’eau fraîche un long moment, certains iront même se baigner bien que la profondeur avoisine à peine 1m.
Des lianes tombent de la canopée : j’ai bien envie d’en tirer une mais qui sait ce qui tombera avec ?
Nous quittons le carbet la pluie arrêtée et reprenons le sentier plus boueux que jamais. Cette terre, issue de l’érosion de la latérite – roche rouge, issue elle-même de processus d’altération caractéristique des pays tropicaux – tient sa couleur du fer oxydé. Un vrai casse-tête d’ailleurs pour le traitement de l’eau brute : fer et aluminium, en grandes quantités dans les sols guyanais, sont les meilleurs ennemis des réseaux d’eau potable !
Nous reprenons ensuite les voitures. Sur le retour, nous nous arrêterons à un petit point de vue sympathique sur une mer végétale…
Le premier week-end d’une longue série ?
<3 J'adore.
J'ai découvert cette semaine que l'un des deux autres stagiaires du Jardin des Plantes avait vécu 2 ans en Guyane pour son BTS!!! Il m'a raconté ses nuits en carbet, tout comme toi. Ça lui a énormément plu, et il est originaire de Mayotte, on peut donc affirmer sans risque qu'il s'y connaît en endroits paradisiaques!
C'est encore mieux quand ce n'est même pas prévu, ce genre d'épopées. Ça te tombe dessus sans prévenir, et tu ouvres grand les yeux pour tout admirer.
Bisous Bourrique!
Un week-end trop trop top, il ne te manque plus que la machette et le petit singe hurleur sur l’épaule …
Bisous à notre aventurière
La classe !!! Forcément à coté les week end en métropole sont moins exotiques ^^
Je viens d’enchaîner tous tes articles depuis le début de tes aventures guyanaises… Et j’en reste bouche bée! C’est franchement tout à fait toi de te lancer et d’aller dans la moins métropolisée de la France! j’aurais été bien curieuse de savoir ce qui était passé si tu avais tiré une des lianes, hihi! Franchement tu dois en avoir plein les yeux! 😀
Je l’ai relu, et il me plaît toujours autant, cet article! La vue sur la canopée invite à s’y perdre, c’est fantastique!
Bisous Bourrique.